Contexte
Le 17 mai 2022, le journal Libération publiait un article intitulé « Fugue ou enlèvement d’une mineure ? Réseaux sociaux et autres journaleux désespérément inquisiteurs » reprenant la situation d’une jeune fille de Casablanca disparue le 9 mai 2022. Au-delà de cette affaire de disparition qui relève d’une enquête de la police, l’auteur de cet article tentait d’analyser les réactions racistes qui ont déferlé sur les réseaux sociaux à la suite d’une accusation infondée à l’encontre d’un groupe de « Subsahariens » présumé auteur de l’enlèvement de cette jeune fille. Cette situation, loin d’être isolée, servira de vecteur à ce débat autour des discours d’incitation à la haine (raciale) dans les réseaux sociaux.
Le Conseil de l’Europe définit le discours de haine par « toute forme d’expression qui répand ou justifie la haine raciale, la xénophobie, l’antisémitisme ou toute forme de haine basée sur l’intolérance, y incite ou en fait l’apologie ». Le Plan d’action de Rabat sur l’interdiction de tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence adopté en 2012 rappelle que « l’interdiction de l’incitation à la haine est clairement définie à l’article 20 du Pacte [international relatif aux droits civils et politiques] et l’article 4 de la CIEDR [Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale] ».
Le Maroc s’est montré très engagé sur les questions de lutte contre la haine raciale, notamment dans cette initiative de 2012 et plus récemment, dans l’adoption le 22 juillet 2021 de la résolution A/RES/75/309[1] en vertu de laquelle le 18 juin a été proclamé Journée internationale de lutte contre le discours de haine. Le Maroc en a été « force motrice » comme l’a souligné la Secrétaire générale adjointe, conseillère spéciale de l’ONU pour la prévention du génocide, Alice Wairimu Nderitu, lors d’un événement de haut niveau co-organisé par la mission permanente du Maroc aux Nations unies et le Bureau onusien de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger à l’occasion de la toute première Journée internationale de lutte contre le discours de haine, le 18 juin 2022.
Malgré les efforts du Maroc, les discours de haine, notamment raciale, restent très présents, particulièrement dans les réseaux sociaux, et impactent lourdement la vie, la dignité et le respect des droits humains des personnes ciblées.
[1] https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N21/200/62/PDF/N2120062.pdf?OpenElement
Présentation de L’Mchaoura du GADEM : « Discours de haine et réseaux sociaux, tout un débat ! »
Les réseaux sociaux jouent pourtant aujourd’hui un rôle déterminant dans nos interactions. Ils constituent des outils de communication aux possibilités illimitées et permettent de renforcer les partages et les expressions diverses. Ils peuvent influencer nos représentations, autant positives que négatives, de certaines catégories de personnes et également véhiculer différents préjugés et stéréotypes pouvant conduire à des discours d’incitation à la haine et à la violence.
C’est dans ce cadre, et pour tenter de comprendre et analyser l’impact de l’influence des réseaux-sociaux sur la société marocaine, que le GADEM organise le 5 juillet 2022 à 18h30 au Café La Scène à Rabat, la 2ème édition des « L’Mchaoura du GADEM » sur le thème « Discours de haine et réseaux sociaux, tout un débat ! ». Soyez nombreux·euses à participer au débat avec nos intervenant·e·s autour de deux questions centrales : Les réseaux sociaux sont-ils un vecteur important de discours d’incitation à la haine ? Peuvent-ils au contraire contribuer à la lutte contre les discours de haine ?
Entrée libre.
Café la Scène (Cinéma Renaissance)
Mardi 5 juillet à 18h30
Intervenant·e·s :
Hassan BENTALEB : Journaliste, membre du Réseau marocain des journalistes des migrations (RMJM)
Mohssine BENZAKOUR : Enseignant universitaire – Psychosociologue
Sofiane HENNANI: Podcasteur, fondateur de la plateforme Machi Rojola
Aminata PAGNI : Spécialiste des droits de l’homme et des migrations, membre du GADEM
Modération : Khadija SOUARY, Chargée du volet Confluences Marocaines du GADEM
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